dimanche 23 juin 2019

Chinoiseries

Comme raconté dans mon message du 16 mai dernier (http://jybaventures.blogspot.com/2019/05/a-la-conquete-de-la-chine_16.html ), un éditeur chinois a acheté les droits de la série Missions Kimono pour la Chine (la série est traduite en chinois bien sûr).
Voici par exemple la couverture du tome 2, que je n'avais pas encore montrée :

Une chose m'inquiétait : la traduction des premiers albums est-elle bien faite et les expressions, tant aéronautiques que typiquement françaises, sont-elles bien retranscrites en mandarin ? A priori, oui. C'est l'éditeur chinois qui se charge de cette traduction, à partir des albums en français. Mais sait-on jamais...
Il se trouve que ma soeur, qui, en tant que professeur d'anglais ici en Bretagne, a joué un rôle d'intermédiaire dans mes discussions (en anglais) avec l'éditeur chinois et sa secrétaire en charge du dossier "Missions Kimono", m'a signalé qu'elle croise parfois une femme dont le mari est Chinois. Nous avons convenu que ce serait utile de faire lire, par ce dernier, mes trois albums "chinois" existant à ce jour. Après prise de contact, je me suis donc rendu chez lui. C'est alors qu'il m'a appris que - nous l'ignorions - non seulement il est professeur de chinois (pour des élèves français) mais qu'en plus, il lui est arrivé de faire des traductions de livres culturels en chinois, à partir de livres français (il m'a montré deux d'entre eux). Quel heureux hasard...

Verdict : il semble - ce monsieur n'a pas tout lu des trois albums Kimono en chinois, juste parcouru quelques pages de-ci, de-là - que, dans l'ensemble, les traductions soient bien faites et que les passages des textes purement aéronautiques soient à peu près bien rendus en chinois.
Avec toutefois quelques couacs...
Par exemple, dans le tome 1, à la fin de l'histoire courte Virus sur le Majunga, un avion Super Etendard apponte sur le porte-avions Clemenceau. L'officier d'appontage dirigeant la manoeuvre dit au pilote "C'est excellent, l'avion va se poser tout seul... comme une fleur...". L'expression familière "comme une fleur" est à prendre au sens figuré pour dire : facilement, sans encombres. Or, dans l'album en chinois, le traducteur a traduit fidèlement et au sens propre, avec l'idée subtile d'une jolie fleur (une vraie fleur), un peu comme si une fleur se posait sur le pont du porte-avions... Voici l'image, dans ses deux versions, l'une en français, l'autre en chinois :

Un phylactère dans le tome 2 m'inquiétait. L'album se situe en Afrique noire et il y est question de mercenaires et de trafiquants d'armes auxquels vont être confrontés les pilotes, héros de la BD. A Paris, un amiral, dans un bureau du ministère de la marine, fait un exposé et parle d'armes chinoises et libyennes importées clandestinement dans le pays où l'action va se dérouler. Mon questionnement, depuis le début de mes discussions avec l'éditeur chinois, était de savoir si la mention d'armes chinoises resterait dans l'album en chinois, dont voici un extrait (la bulle parlant des armes chinoises est dans la deuxième vignette de ce strip) :

Le professeur de chinois consulté par mes soins m'a affirmé que non : dans la bulle traduite, les fameuses armes chinoises sont devenues... japonaises...! En effet, il faut comprendre que la censure chinoise n'aurait jamais laissé passer la mention originelle...
Seulement, "couac" dans le "couac" : l'avion aperçu dans la troisième image est bien un avion chinois : un Shenyang J-6... Et lui n'a pas été censuré... (explication que je peux facilement imaginer : certainement parce que l'avion ressemble trait pour trait à un Mig 19 de construction soviétique, le Shenyang J-6 étant sa copie conforme dans l'Armée de l'air chinoise. On peut donc facilement l'identifier comme un Mig 19 revendu à un pays d'Afrique comme la Libye justement...).

Mais un autre "couac" s'est inséré dans la même bulle. En effet, le traducteur a mal lu la version française où il est question d'armes. Il a traduit par "armées". Ainsi donc, ce ne sont pas des armes japonaises et libyennes qui sont infiltrées en Afrique, mais carrément des armées japonaises et libyennes... J'ai déjà signalé cela à mon éditeur chinois pour qu'il corrige lors de la réimpression de l'album en Chine...

J'ai voulu savoir aussi comment avait été traduit le nom "Kimono" dans le titre Missions Kimono de la série. Kimono, il faut le savoir, est un indicatif radio authentique, utilisé par la 11e Flottille de chasse de l'Aéronautique navale française. Phonétiquement, c'est important, et traduire "Kimono" en chinois dans le sens du vêtement japonais (le kimono) ne voudrait plus rien dire. Heureusement, j'en avais parlé dès le début à l'éditeur chinois, qui a choisi un titre approchant, phonétiquement. Ce que m'a confirmé le professeur de chinois : les trois syllabes ki-mo-no sont reproduites sur la couverture des albums avec des signes chinois qui se prononcent (à peu près...) "ki", "mo" et "no".
Or, le professeur ajoute une information intéressante : le signe chinois de la syllabe "mo" porte en lui une notion de magie, presque de sorcellerie, qui, dit-il, est intéressante, originale, et peut intriguer et attirer les lecteurs chinois...

Quant aux trois noms d'auteurs sur la couverture : le premier nom en caractères chinois est le mien (signalé comme scénariste entre les crochets en début de ligne), le deuxième celui de Francis Nicole (dessinateur), et le troisième nom est en fait constitué de deux noms, ceux des deux traducteurs. Voici les trois groupes d'auteurs, sur la couverture du tome 1 :

A noter que mon nom, avec ces signes chinois, ne se prononce pas tout à fait "Brouard" mais des sons approchants. Quant au prénom Francis, il se lirait plutôt (et à peu près !) : "franchise"...

J'ai montré au professeur de chinois d'autres passages de mes albums où figurent des textes ajoutés par l'éditeur chinois. A un endroit, en tout début d'album, s'alignent des nombres : il s'agit de numéros de téléphone de la maison d'édition, et l'un des numéros est celui où les lecteurs et les libraires peuvent commander et se faire expédier les ouvrages par voie postale.
Une ligne dans ce texte en début d'album s'avère être le nom d'un magasin chinois où l'on peut acheter les BD. Or, m'a appris le professeur avec une pointe d'admiration, il s'agit en fait d'un réseau de librairies, "le plus connu et le plus étendu sur toute la Chine..." Voilà qui augure bien de la suite...

Et pendant ce temps-là, le tome 21 de Missions Kimono (en français) se prépare. Voici une image au hasard (dessin d'Andrea Rossetto, extrait du story-board au crayon) :

samedi 8 juin 2019

Le Kimono nouveau est arrivé

La sortie du dernier album Missions Kimono n°20 s'accompagne, pour une fois, de nouvelles encourageantes.
Pour montrer aujourd'hui quelque chose de cet album et pour illustrer mon propos, sans remettre en ligne la couverture déjà vue plusieurs fois sur ce blog, en voici pour l'anecdote la première mouture, le premier brouillon, tel que préparé par Francis Nicole à l'automne dernier (d'ailleurs sur une idée de... moi-même) :

On voit que nous n'étions pas encore fixés sur le titre, puisque Sevoni, mention provisoire, est en fait le nom de la base fictive où sont venus s'installer les héros, dans cette nouvelle histoire. Quant au numéro 8, il s'agit de celui de l'album Tiger, Francis ayant pris comme fichier de départ la maquette de sa nouvelle couverture, préparée l'année dernière...

Je disais que les nouvelles sont encourageantes au sujet de Kimono 20 car mon diffuseur, Makassar, m'a appelé avant-hier pour me demander si j'ai encore du stock quelque part, le premier lot mis en place le 23 mai étant apparemment assez vite parti et les libraires poursuivant leurs commandes (la réponse est : oui, heureusement, j'ai un peu de stock...).
Il faut dire que, pour la première fois depuis... très longtemps, les albums dans certains réseaux de librairies semblent avoir été mis bien en vue. A la Fnac (dont la centrale d'achat avait d'ailleurs passé commande de beaucoup plus d'exemplaires que lors des sorties précédentes), ou chez Cultura, il y a des piles d'albums sur les tables ou dans les rayons des nouveautés (ici, une photo prise au Cultura de Rennes) :

On voit que Kimono 20 côtoie d'autres BD d'aviation ; nous ne sommes pas les seuls sur ce "créneau", comme on dit... Et comme on le voit aussi sur la photo ci-dessous, prise par mon frère lors de la Foire du livre de Nice, il y a une semaine de cela :

La couverture est particulièrement appréciée, d'autant que Makassar avait tenu à faire apposer dessus un sticker (déjà présenté ici) qui, selon le diffuseur, joue dans l'intérêt que peuvent manifester les lecteurs visitant une librairie BD.
Makassar m'apprend aussi que pendant quelques jours, Kimono 20 a été, à la Fnac tout au moins, numéro 1 des ventes des BD d'aviation... (deux bémols toutefois : 1) il n'y avait, pendant la période, aucune mise en place d'une nouveauté d'une "grosse pointure" des séries d'aviation bien connues, et 2) les chiffres restent tout de même modestes, ne nous emballons pas...).

Les ventes vont-elles avoir très bientôt un nouveau sursaut ? En effet, j'ai reçu hier le numéro 126 de Canal BD Magazine, une revue d'informations diffusée gratuitement dans le réseau des librairies Canal BD (130 magasins sur la France, la Belgique...). Or, je publie dans ce numéro (juin 2019) une pleine page de publicité pour ce tome 20 et pour la série Kimono en général ; voici cette pub (un beau visuel préparé par Julia la maquettiste) :

On se souvient que la même revue avait publié une pleine page de pub pour le tome 6 d'Allan Mac Bride, sorti en février dernier (voir mon blog fin janvier). Le numéro de Canal BD Mag de juin risque d'attirer lui aussi, car en couverture figure un dessin d'un des meilleurs dessinateurs au monde, à savoir Jean Giraud, alias Moebius ; il annonce aussi l'interview d'un auteur imposant, Alejandro Jodorowsky :

Et puis, la revue Casemate, de juin également, publie une recension très favorable de l'album Kimono 20 (avec, en conclusion, un coup de chapeau de la rédaction à la nouvelle de la diffusion en Chine de la série Kimono, traduite en chinois ; voir là encore un récent message sur mon blog) ; voici l'article de Casemate:

Il s'agit du n°126 de Casemate, comme Canal BD Mag ; c'est un hasard si les deux revues portent le même numéro car elles n'ont pas du tout la même périodicité.
Tenez, puisque je parle de la version chinoise de Kimono, voici, encore pour l'anecdote, un autre visuel en chinois (demi-planche extraite du tome 1) :

Finissons avec l'évocation d'un travail particulier de Francis Nicole (dessinateur historique et cocréateur de Missions Kimono). A la demande de la 11e Flottille (la fameuse flottille de l'Aéronautique navale, une unité parfaitement réelle, héroïne de la série Kimono), Francis a dessiné le logo marquant le 100e anniversaire de sa création ; voici ce logo :

L'année 2019 est en effet celle du centième anniversaire de la création de cette vénérable unité. Désormais (pendant tout l'été sans doute), cinq avions Rafale Marine de la 11F vont arborer le logo dû à Francis, reproduit sur la dérive, côté droit (côté gauche, il y aura, sur chacun des Rafale concernés, un insigne historique distinct d'un appareil à l'autre) :

La décoration sur la dérive ci-dessus est, en dehors du logo, celle du Tiger Meet, une manifestation militaire au cours de laquelle les avions et hélicoptères se drapent de diverses décorations rappelant le pelage du tigre (voir aussi l'album Tiger de Missions Kimono, cité justement plus haut).
Quant à Francis, il a été invité fin juin à un rassemblement de la 11F, sur la base de Landivisiau, en remerciement de son travail et de son implication.


jeudi 6 juin 2019

La Mer est grande (vaste sujet...)

Le feuilleton télévisé La Mer est grande, qui se déroule au sein de la Marine nationale française, avait été diffusé sur la chaîne Antenne 2 à l'automne 1973. Voici le titre dans le générique :

Le coscénariste est connu : Jean-Michel Charlier, également scénariste d'autres feuilletons, dont un, célèbre, d'aviation : Les Chevaliers du ciel. Il est aussi le scénariste de mythiques séries BD comme Blueberry, Buck Danny, Tanguy et Laverdure (adaptés à la télé comme Les Chevaliers du ciel, justement), etc.

Sur le site que j'ai créé sur cet auteur majeur de la BD européenne de la seconde moitié du XXe siècle (jmcharlier.com), j'ai déjà évoqué le feuilleton La Mer est grande, mais avec assez peu d'informations et un nombre réduit de photos. Or, à partir d'aujourd'hui, je publie dans l'hebdomadaire spécialisé Le Marin une série d'articles détaillant les tournages de ce feuilleton. Voici les deux pages du numéro qui paraît ce jour :


Je ne pourrai pas diffuser ici-même les articles suivants, aussi, pour en savoir plus, il faudra s'abonner au site payant du Marin (ou acheter en kiosque chaque numéro au fil des quelques semaines qui suivent). Je montre ici seulement un portrait de l'acteur Yves-Marie Maurin (incarnant le héros du feuilleton, Hervé Lanoé) au côté de Jean-Michel Charlier, lors d'une visite de ce dernier sur le lieu d'un tournage, en juillet 1972, à bord de l'escorteur d'escadre La Bourdonnais :
Archives photos : famille Bourdeaux-Maurin
Il faut savoir par ailleurs que l'autre coscénariste, l'officier de marine Jean Raynaud, a, la même année que la diffusion du feuilleton, publié un roman du même titre et racontant les mêmes aventures ; voici la couverture (en médaillon, c'est un portrait de l'actrice France Dougnac, qui joue le rôle de Nancy Guehenno, la fiancée puis l'épouse d'Alain Joubert, le camarade d'Hervé Lanoé) :

Ce livre est dédié, par Jean Raynaud, à Jean-Michel Charlier :