jeudi 18 avril 2013

Dramatique explosion au Texas - encore...!

Les graves explosions qui ont dévasté dans la nuit précédente (du 17 au 18 avril) une usine près de Waco au Texas rappellent un drame similaire qui s'est déroulé il y a 66 ans, presque jour pour jour, au Texas également. Dans les deux cas, les causes, indéterminées, trouvent leur origine dans un stock de nitrate d'ammonium, un produit chimique instable dont on fait des engrais agricoles.
La première catastrophe, je la connais bien pour en avoir tiré un livre documentaire : Le drame du Grandcamp, aux éditions MDV :

Or les images que j'y reproduis ressemblent plus qu'étrangement à celles que les télévisions du monde entier diffusent en ce moment en boucle, depuis plus de 24 heures. De nombreux aspects sont identiques d'une affaire à l'autre.
Le Grandcamp de mon livre, c'est un cargo français, de la Compagnie générale transatlantique, qui était en train de charger du nitrate d'ammonium dans le port de Texas City (Texas), le 16 avril 1947. Le feu prit à bord :
... et les pompiers, appelés, prirent les affaires en main, l'équipage français descendant sur le quai pour observer le spectacle :
Lorsque tout à coup, à 9 heures 12 du matin, la cargaison explosa, rasant le port, faisant voler en éclats le navire et projetant à tous les vents l'équipage, les pompiers et d'innombrables badauds venus par curiosité autour des quais. Comme dans l'explosion de Waco, une énorme boule de feu s'éleva dans les airs :
 et un énorme nuage monta dans le ciel :
Le feu se propagea alentour, pendant des heures, et se communiqua à des gazomètres, des industries chimiques, etc. La nuit suivante, alors que les incendies faisaient rage, un second navire, chargé lui aussi de nitrate d'ammonium, explosa à son tour :
Dans les jours qui suivirent, on découvrit le désastre : maisons rasés ou détruites, nombreux morts (plus de 500) et blessés (près de 5000), des dégâts importants dans un rayon de plusieurs centaines de mètres autour du port (et des dégâts moindres à des kilomètres de distance), une population traumatisée et déplacée... Ici, une voiture de pompiers détruite :
L'équipage français, lui, a presque entièrement disparu. Voici une rarissime photo, prise un mois avant le drame sur le pont du Grandcamp, à une escale précédente, montrant l'état-major du navire :
Seul le chef mécanicien (l'homme de petite taille au milieu à gauche, au premier rang) a survécu miraculeusement, avec 5 autres marins.
Les médias de l'époque et ceux d'aujourd'hui ont évoqué les mêmes faits, les mêmes comparaisons : tant en 1947 qu'en 2013, les témoins ont parlé d'une explosion identique à celle d'une arme nucléaire (aux effets d'ailleurs aussi dévastateurs). On parle d'absence de mesures de sécurité. Les deux sièges des explosions se trouvent tout près d'une ville et d'habitations. L'expérience aurait dû jouer (voir aussi, en France, l'affaire de l'usine AZF à Toulouse, et d'autres faits similaires de par le monde, listés par les médias).
Curieusement, les deux lieux des explosions texanes se situent à moins de 300 kilomètres l'un de l'autre, à vol d'oiseau. A mi-chemin, dans la capitale de l'Etat, Houston, se dresse depuis 1947 une statue à la gloire des valeureux pompiers de Texas City.
L'histoire se répète. Elle bégaye, même...







7 commentaires:

Anonyme a dit…

La "Marchande" a transporté à l'époque, de sacrées cochonneries, dont les "propriétés" ne figuraient que sous l'appellation "attention". Ces équipages méritent notre admiration dans le souvenir des marins...

JYB a dit…

Dans mon livre, d'après les rares témoignages (des survivants et de familles de marins disparus), je raconte que les marins français du "Grandcamp" ignoraient les dangers du nitrate d'ammonium. Il y avait la consigne "Ne pas fumer" inscrite près des cales, mais c'était la même consigne à tout chargement et tout déchargement.
En revanche (également raconté dans mon livre), les dockers américains, dont le travail était de charger le cargo, la routine et l'insouciance faisaient que certains fumaient tout en travaillant. L'un d'eux, pour se moquer et pour montrer à un matelot qui protestait qu'il n'y avait aucun danger, avait même écrasé sa cigarette sur la toile du sac d'emballage du nitrate embarqué (sans réaction chimique ni explosion, d'ailleurs...).

maigrir gélules a dit…

c'est vraiment épique !

JYB a dit…

Sans vouloir vanter la marchandise, ceux qui ont lu mon livre sur l'histoire du "Grandcamp" me disent que c'est un haletant roman d'aventures. En effet, l'histoire du bateau d'une part, de son équipage d'autre part, ensuite de la tragédie elle-même, enfin des suites, même des décennies après, est épique et même incroyable et exceptionnelle.
Je dis toujours que c'est l'enquête de ma vie, tellement j'y ai passé du temps (des années !), et tellement le sujet est hors norme, époustouflant et émouvant.

Pierre Droudrou a dit…

pour compléter l'information sur le sujet : vu sur Wikipedia

http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d'accidents_industriels_impliquant_du_nitrate_d'ammonium

MaPY a dit…

Ça me rappelle aussi l'histoire du "Ocean Liberty" chargé de nitrate d’ammonium" et qui explosa en 1947 au milieu du port de Brest...

JYB a dit…

Oui, l'histoire de l'"Ocean Liberty" à Brest est assez similaire à celle du "Grandcamp" à Texas City. J'en ai fait (entre autres) un long article dans la revue Navires & Histoire d'août 2007. Sur Internet, on trouve des dossiers complets sur cette affaire.