samedi 31 janvier 2015

Barbe-Rouge, les coulisses de la série

Comme dans le précédent numéro du magazine spécialisé dBD (qui traite de... BD, comme son titre le laisse entendre, même si, dans le cas présent, les lettres BD ne signifient pas "bandes dessinées"), j'ai publié un nouvel article sur une série majeure de Jean-Michel Charlier, prolifique scénariste disparu en 1989 et grand maître ès-scénario de nombre d'auteurs contemporains.

Le précédent article évoquait  la série Tanguy et Laverdure, et j'en ai parlé ici :
http://jybaventures.blogspot.fr/2014/12/tanguy-et-laverdure-scoop.html
Voici la couverture du nouveau numéro de dBD, daté de février 2015 :

Où figurent d'autres noms célèbres dans le domaine de la BD : Rahan, Jack Kirby, Jean Valhardy...
Mon article est cette fois axé sur l'un des plus fameux héros de JM Charlier, le pirate Barbe-Rouge, dessiné par Victor Hubinon ; voici le recadrage sur l'annonce, en "une" :

Et voici la première double-page de l'article :

Le propos : le personnage du terrible pirate Barbe-Rouge est pour tous les lecteurs de la série le "Démon des Caraïbes", qui sème la terreur sur toutes les mers (et pas seulement les Caraïbes...). Or, des interrogations me sont venues quand j'ai découvert que ce titre de "Démon des Caraïbes" devait être attribué à l'origine à son fils adoptif, Eric, l'autre héros de la série. Ce titre était  attribué à ce dernier officiellement dans les numéros préparatoires du journal Pilote, avant son lancement le 29 octobre 1959. Pire : sur la couverture même du numéro 1 de Pilote, apparaît clairement un pirate qui n'a rien à voir avec Barbe-Rouge et qui doit pourtant être le héros de cette nouvelle série d'aventures maritimes, alors que dans les pages intérieures, commencent à paraître en exclusivité les premières planches de l'aventure de Barbe-Rouge. Dans mon article, je montre la Une de ce numéro particulier ; ci-dessous, voici un recadrage sur le pirate en question, que je publie également dans l'article (et à comparer avec le portrait connu de Barbe-Rouge, pleine page dans le visuel au-dessus) :

Il s'est donc passé un curieux changement au cours des 30 ou 40 premières pages de la BD, prépubliée au fil des semaines dans Pilote en 1959 et 1960 : le fils adoptif, en grandissant au sein de la famille des pirates de l'île de la Tortue, devait devenir le Démon des Caraïbes, mais c'est son père de substitution, Barbe-Rouge, qui l'est devenu à sa place. Et ceci, sans que JM Charlier ne l'ait vraiment prévu au départ. Un cas unique dans l'histoire de la BD européenne...

Le premier album de la série, éditée en 1961 chez Dargaud, indique bien : "Une aventure de Barbe-Rouge, le Démon des Caraïbes"... Cette fois, c'est sûr.
Un second chapitre sur les coulisses de la série Barbe-Rouge doit paraître dans un prochain numéro.

jeudi 22 janvier 2015

"Normandie" : le plus beau paquebot de tous les temps

C'est le titre du numéro Hors série de la revue bimestrielle Navires & Histoire, consacré au célèbre fleuron de la Compagnie générale transatlantique. Voici la couverture :

Pourquoi parler ici de ce dossier ? Parce que j'en suis l'auteur...

Certes, l'histoire du paquebot est connue. Mais ce numéro se distingue par sa riche iconographie, avec de nombreuses photographies couleur (d'époque) issues de mes archives et de celles de certains de mes correspondants, et surtout des images 3D, dues à l'infographiste Benjamin Druel, avec qui j'ai beaucoup échangé l'été dernier pour mettre au point ces images représentant Normandie à un moment précis de sa carrière (car au fil de ses transformations faites ou à venir, le paquebot n'a pas ressemblé exactement à ce qu'il était à sa mise en service en 1935, et il fallait donc ne pas se tromper dans les détails de ces 3D...).

Voici une rare photographie couleur, prise en 1938 et figurant bien sûr dans le numéro (crédit : William H. Morris) :

Et puis, j'ai essayé d'apporter un certain nombre d'infos peu connues, comme sur le crash d'un avion sur la plage avant, ou la perte du navire dans des conditions assez étranges en février 1942, et j'ai complété par le témoignage inédit d'un ancien mousse de Normandie (par respect pour  les paquebots en général et pour ce paquebot en particulier, les shiplovers disent : de Normandie, et non du Normandie ; ils disent aussi, par exemple : "Normandie (et non : le Normandie) a appareillé du Havre").
Un numéro à ne pas manquer, donc (réalisé avec la collaboration de l'Association French Lines, garante des archives de la compagnie armant le paquebot).

Voici quelques doubles-pages extraites au hasard de ce numéro qui sort demain 23 janvier dans les kiosques :






samedi 17 janvier 2015

Hommage à Paul Peyrat

Une revue d'histoire spécialisée vient de paraître avec la biographie émouvante d'un jeune marin bordelais, Paul Peyrat, mort à 20 ans en 1942.
Cette revue, Aperçus d'histoire sociale, est éditée par l'IHS CGT 33, c'est-à-dire l'Institut CGT d'histoire sociale d'Aquitaine. Les lettres CGT désignent la Confédération générale du Travail, le fameux syndicat ouvrier. Voici la couverture du numéro double 112-113 :

A noter que les lettres "CGT" sur le devant du pull-over de Paul Peyrat désignent, elles, la Compagnie générale transatlantique, la fameuse Transat, pour laquelle le jeune marin travailla.
C'est lui qui, embarqué sur le cargo Gabriel Guist'hau, fut arrêté en mars 1942 avec deux autres hommes du bord par la marine de Vichy parce qu'ils tentaient de rejoindre le camp anglais en détournant leur navire sur Gibraltar. Ils furent très vite condamnés à mort et fusillés (en fait, seuls Paul Peyrat et son camarade Jacques Pillien passèrent devant le peloton d'exécution, le troisième marin, Yves Le Carboullec, étant gracié car trop jeune, mais quand même condamné à 10 ans de bagne).
En l'honneur des deux fusillés, un cargo français fut baptisé en 1945 Matelots Pillien et Peyrat. Plus d'une quinzaine d'autres cargos portèrent de la même façon les noms de marins résistants ou Français libres, décédés tragiquement pendant la guerre, du fait des Nazis. Ce thème est d'ailleurs l'objet de mon livre, Histoires d'Empire, publié en avril dernier (voir à cette page de mon blog : http://jybaventures.blogspot.fr/2014/04/histoires-dempire.html ).
Voici le dernier portrait des deux jeunes, lors de leur arrestation par un bateau de guerre vichyste, Peyrat à gauche et Pillien à droite (ils semblent insouciants sur cette photo, mais c'est parce qu'ils n'ont pas idée du sort funeste qui les attend une fois qu'ils seront arrivés à terre) :

Et voici une photo du cargo Matelots Pillien et Peyrat (tant qu'à faire, je montre une photo peu connue, ne figurant pas dans mon livre et provenant de la famille du commandant Demerjean) :

Si je parle ici de la revue de l'IHS-CGT 33, c'est parce que je suis impliqué dans cette publication. L'auteur du dossier, Lucien Gay, secrétaire de l'Institut, m'a abondamment cité et remercié dans les pages du magazine (en ajoutant une belle double page, à laquelle je ne m'attendais pas, faisant la publicité de mon livre). En effet, une partie des récits et des photos illustrant le magazine provient de mes archives et en particulier d'une longue série d'articles que j'avais publiés naguère dans la rubrique historique de la revue hebdomadaire Le Marin, comme le prouve cette page du numéro double d'Aperçus d'histoire sociale, montrant les titres de plusieurs chapitres de ma série, figurant dans la rubrique Mémoire de l'Histoire :

Et surtout, voici le texte de remerciements qu'a publié Lucien Gay à la fin de ce numéro spécial, avec d'élogieux propos à mon égard, qui me touchent particulièrement :

L'adresse de la revue, pour ceux que le sujet intéresse :
IHS CGT Bourse du Travail
44, cours Aristide Briand
33 000 BORDEAUX
Prix: 14€, plus 3€30 pour frais d'envoi

jeudi 15 janvier 2015

C'est bien la 11e Flottille...

En complément de mon message publié ici-même il y a deux jours, je peux confirmer que la flottille d'avions Rafale de l'Aéronautique navale française qui est embarquée sur le porte-avions Charles de Gaulle ces jours-ci est bien la 11e Flottille. Ceci a été précisé hier sur la page Facebook Aviation Embarquée.
Donc, comme dans la BD Missions Kimono n°16 à paraître en mai prochain et en cours de préparation depuis janvier 2014. Encore une coïncidence avec la réalité (voir avant-hier ici :
http://jybaventures.blogspot.fr/2015/01/premonition-et-coincidence-encore-et.html

Pour l'occasion et histoire d'illustrer le propos, voici une autre image extraite de Kimono 16 et montrant un Rafale de la 11F (j'ai encore effacé le texte dans le phylactère, pour ne pas dévoiler prématurément ce qui se passe dans l'aventure ; le dessin, comme la planche entière, est encore au crayonné) :


mardi 13 janvier 2015

Prémonition et coïncidence, encore et toujours...

Divers média s'en font l'écho ces derniers temps : le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle doit incessamment partir pour l'océan Indien dans le cadre d'une mission anti-islamistes. C'est ce que dit encore aujourd'hui le site meretmarine, à ce lien : http://www.meretmarine.com/fr/content/le-charles-de-gaulle-se-prepare-partir-pour-la-region-du-golfe
Ce départ est avancé et ordonné à la suite d'événements graves survenus depuis le mois d'août dernier : des terroristes du groupe Daesh, nombreux et lourdement armés, sèment la terreur, dans une zone contiguë à l'Irak et à la Syrie.

Or, le prochain album de la série Missions Kimono, à paraître en mai, traite à peu près du même thème. Voici un extrait significatif de la planche 34 (je n'en ai qu'un crayonné provisoire), dessinée fin novembre dernier :

Francis Nicole vient de me fournir la planche 40 (on voit donc que l'album, qui totalisera 46 planches comme les autres titres de la série, avance, tranquillement mais sûrement) ; or, dans cette planche, un rebondissement modifie le programme du Charles de Gaulle qui est subitement envoyé en océan Indien (la scène se déroule à bord, lors d'une mission en Méditerranée) :

La coïncidence dont je parle en titre de ce message : c'est sans doute demain, voire après-demain, que le porte-avions quittera Toulon réellement, pour se rendre lui aussi en océan Indien... Les informations sont confidentielles aussi est-il difficile d'en savoir plus, d'autant qu'il est question que le Président de la République doit venir à bord juste avant le départ.

Il faut rappeler qu'un scénario de BD, surtout aussi documenté que ceux que j'écris, ne se prépare la veille. De même, la réalisation des dessins prend beaucoup de temps. Cette histoire a commencé à être dessinée l'hiver dernier (vérification faite, Francis m'a fourni la planche 1 le 2 février 2014 ; elle a donc été commencée fin janvier, il y a près d'un an) ; à l'époque, le scénario était déjà prêt et "calé" (même si j'improvise le détail de chaque planche au jour le jour, comme je l'ai déjà raconté ici et ailleurs, il n'empêche que le synopsis et le fil conducteur sont déjà prêts). J'en profite d'ailleurs pour mettre ici la première vignette de la première planche, déjà présentée sur le blog, mais cette fois elle est au propre :

Quant à l'idée et la mise au point des différentes péripéties, elles m'ont demandé des années de réflexion, de recherches et de prises de contact avec divers spécialistes, et se sont finalisées courant 2013. C'est donc assez étonnant, et en tout cas totalement impossible à calculer à l'avance, qu'arrive la coïncidence relevée plus haut...

Dans la BD, c'est toujours la 11e Flottille, "héroïne" de la série, qui est embarquée sur le porte-avions. Est-ce également la 11F dans la réalité ? Eh bien oui ! Là encore, Francis et moi avons "vu" juste. Voici d'ailleurs un Rafale de la 11F (dessin extrait du début de l'histoire Eternel retour) qui va se trouver embarqué sur le Charles de Gaulle dans la BD :

Pour finir, je montre deux cases au hasard dans le restant de la BD. Comme dans un précédent message, j'ai supprimé des textes pour ne pas révéler trop du contenu de l'intrigue. Une case est encrée car elle figure dans la première moitié de l'album, et l'autre est encore crayonnée car elle figure dans la seconde moitié :


mercredi 7 janvier 2015

Cabu, Wolinski, Tignous, Charb, Honoré, in memoriam

Cabu, Wolinski, Tignous, Charb et Honoré, dessinateurs à Charlie Hebdo, sont morts ce midi dans de tragiques circonstances : abattus par des terroristes islamistes, dans les locaux mêmes de leur rédaction.
Sept autres personnes sont décédées : Bernard Maris, qui signait Oncle Bernard, journaliste spécialiste de l'économie au journal, par ailleurs chroniqueur à la télé et à la radio, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat, Michel Renaud, invité de la rédaction, le correcteur Mustapha Ourad ainsi que deux policiers, Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro, qui était chargé de la protection de Charb, et un agent de maintenance, Frédéric "Frédo" Boisseau.

En hommage, voici les derniers dessins de ces dessinateurs qui étaient menacés depuis des années pour leurs prises de position, via des dessins satiriques, contre les dérives de l'islamisme.

D'abord, le bandeau de titre de la Une de Charlie Hebdo de ce jour, 7 janvier 2015 :

Un des dessins de Stéphane Charbonnier, qui signait Charb, dans ce dernier numéro de Charlie Hebdo dont il était aussi le directeur. Un dessin tragiquement prémonitoire :
Un des derniers dessins de Jean Cabut (Cabu), dans ce numéro (on reconnaît Marine Le Pen et l'écrivain Michel Houellebecq) :

Cabu étant aussi dessinateur au Canard Enchaîné, voici un de ses derniers dessins dans Le Canard paru ce même jour :

Un des dessins de Georges Wolinski dans le dernier numéro de Charlie Hebdo :

Un des dessins de Bernard Verlhac (Tignous), dans ce numéro :

Un des dessins d'Honoré (de son patronyme complet Philippe Honoré) ; un dessin prémonitoire également :

Voici le haut de la chronique de Bernard Maris sous son pseudo d'Oncle Bernard, toujours dans le dernier numéro de Charlie :

Au moment où je rédige ce message, à chaud, on peut penser que l'affaire ne fait que commencer, étant donné le choc qu'elle provoque dans le pays et au-delà de nos frontières.

J'ai personnellement une pensée émue en particulier pour Cabu, dessinateur hors pair, caricaturiste formidable, et personne connue pour être d'une grande gentillesse. Tout en travaillant à ses débuts professionnels pour Hara Kiri du fameux professeur Choron, Cabu a longtemps oeuvré pour le journal Pilote, qui l'a vraiment lancé à partir de 1962, et où il a créé le fameux Grand Duduche.
Voici son tout premier "Carnets de croquis", sa première chronique dans Pilote (in n°133 du 10 mai 1962) :


A Pilote, Cabu a donc travaillé pour les co-créateurs et co-rédacteurs en chef du journal, René Goscinny et mon maître ès-scénario Jean-Michel Charlier.
Ce dernier étant connu pour son tour de taille imposant, en voici une caricature par Cabu, dans Pilote n°531 du 8 janvier 1970 (il y a 45 ans, presque jour pour jour) :

vendredi 2 janvier 2015

Cargos à la dérive sans équipage...

Coup sur coup, trois navires désemparés ont dû être secourus au large de l'Italie ces jours derniers. Deux d'entre eux, l'Ezadeen et le Blue Sky M, qui transportaient chacun des centaines de migrants, et qui s'étaient retrouvés sans équipage, filaient intentionnellement vers la côte où ils auraient dû se fracasser. Voici la photo du Blue Sky M pendant cette épopée :

Sans laisser de côté l'aspect triste de ces faits divers bien réels, avec les drames humains qui en découlent, ceci pourra rappeler une scène assez semblable dans l'album Missions Kimono n°12, titré Top Attaque, dont voici la couverture :

En deux mots : dans cette fiction publiée il y a quatre ans, un cargo, le Winner, transportant le pilote Phébus fait prisonnier, est abandonné par son équipage :

Curieux : la scène du canot pneumatique qui s'éloigne du cargo dans la BD, ressemble à cette photo (avec un canot pneumatique proche d'un cargo inidentifié et transportant aussi des migrants ; ce canot semble bien être du même type que dans la BD : un Etraco) :

Comme le Blue Sky M, le Winner est lancé à pleine vitesse sur un cap donné:

Dans la réalité, l'aéronautique navale italienne repère le Blue Sky M et le surveille :

Dans la BD, c'est l'aéronautique navale française qui repère et surveille le Winner ; lui aussi va intentionnellement vers la côte... :

A noter que les deux forces aéronavales ont chacune les mêmes avions de patrouille maritime : des Breguet Atlantic, disposant de moyens de détection visuelle de jour comme de nuit :

Heureusement, la marine italienne pourra arraisonner à temps le Blue Sky M et reprendre ses commandes. Ci-dessous, une photo prise lors de l'évacuation du Blue Sky M :

Quant à la marine française, dans la BD, elle intercepte aussi à temps le Winner. On saura comment en lisant l'album. Voici toutefois, une image un peu semblable à la photo au-dessus, et montrant l'évacuation du Winner par Phébus sur l'arrière du bateau, comme sur la photo (avec les mêmes éléments : bouées de sauvetage rouges, canots orange, des ponts et des rambardes) :