dimanche 27 janvier 2019

Des artistes dans la famille

Décédé mi-janvier deux jours avant son 90e anniversaire, un de mes oncles, Gilbert, a été récemment incinéré, conformément à ses volontés. Un oncle passionné mais qui, curieusement, était resté discret sur une partie de sa vie passée, et qui vivait relativement reclus. Si je parle de sa disparition ici, c'est parce qu'à cette occasion, j'ai pu découvrir un aspect de lui que je connaissais mal : son talent artistique.

Sa trajectoire ne fut pas un long fleuve tranquille. Né au Maroc en 1929, il perdit son père jeune, et sa mère se remaria - elle aura trois autres enfants et deviendra ma grand-mère maternelle. Gilbert, qui porte le nom de famille de son père, Brémond, est en réalité le demi-frère de ma mère.
Sportif tout au long de sa vie, Gilbert pratiqua divers sports : judo, musculature, etc, et surtout le cyclisme : dans sa jeunesse, il se lança, en amateur, dans la compétition. En 1952, il participa même au tour du Maroc, aux côtés de champions français, italiens, belges... ; voici une photo de lui, prise durant cette course :

La presse marocaine a plus d'une fois parlé de ses exploits :

Et voici à nouveau Gilbert (au centre) recevant le traditionnel bouquet, à l'issue d'une course qu'il gagna en août 1951 :

Il courut aussi en métropole, et fut l'ami d'autres sportifs, comme le champion de France de boxe, catégorie Poids lourds, Jo Abad (dont le frère était aussi champion cycliste) :

Devenu policier (inspecteur de police), Gilbert quitta le Maroc après la fin du protectorat et se retrouva à Monaco où il entra dans le service de sécurité du palais du prince Rainier et de la princesse Grace, célèbres personnalités qu'il rencontra dans le cadre de son travail de protection. Voici d'ailleurs une photo prise à l'occasion de la remise d'une coupe, par le prince en personne, à Gilbert qui, avec son équipe, gagna un concours de tirs :
(photo Robert de Hoé)
Voici sa plaque de fin de carrière :

Doué, autodidacte dans de nombreux domaines, Gilbert s'est plongé en particulier dans divers arts : photographie, dessin, peinture...
Voici des photos prises par lui (il signait souvent "Gil", avec un astérisque en guise de point sur le "i") :




Bien sûr, quelques photos de nu également :

Voici deux de ses peintures :


Des dessins (remontant aux années 1950) :


Le chevalet sur lequel il travaillait :

A noter que dans la famille, du côté de ma grand-mère maternelle (la mère de Gilbert, donc), il y a des artistes : mes deux autres oncles, frères directs de ma mère, sont aussi peintres (amateurs, comme Gilbert), et un neveu de la grand-mère est le peintre italien Lucio Pedotti, dont on peut voir les oeuvres dans des musées à Milan. Voici un des tableaux du grand cousin Lucio, intitulé Luna a barchetta :
Sur Lucio Pedotti, voir aussi, par exemple, ce lien :
https://www.artavita.com/artists/12856-lucio-pedotti
Ma grand-mère maternelle et ses frères et soeurs sont d'origine italienne (nés Castronovo). C'est une de ces soeurs, Adèle, donc ma grand'tante, qui, mariée à Amedeo Pedotti, est la mère de Lucio.
Un des frères de ma grand-mère se prénomme Paul ; dans la famille, on l'appelait "Oncle Paul". Ceci rappellera quelque chose aux lecteurs du magazine de BD Spirou, qui, pendant des décennies, publia chaque semaine "Les belles histoires de l'Oncle Paul". Cet oncle Paul n'a évidemment rien à voir avec celui de ma famille, mais voilà un nom qui fait "tilt" dans mon esprit, moi qui fus bercé par les belles histoires de Spirou et qui suis devenu scénariste de BD à mon tour (Les belles histoires de l'oncle Paul ont été créées en 1951 par Jean-Michel Charlier, que je considère comme un de mes maîtres ès-scénario de BD d'aventures). Curieuse "boucle" spatio-temporelle...

Prochainement, il me faudra disperser en mer les cendres de mon oncle Gilbert. Car il m'a désigné pour cela dans son testament. Sans doute avait-il apprécié mes albums de BD (bien que nous fussions éloignés, il ne manquait pas de me commander régulièrement mes nouveautés). Pendant des années, il me demanda de disperser ses cendres le jour venu, depuis un avion, au-dessus de la campagne où il habitait - il savait aussi que je suis pilote privé. Mais étant donné la complexité de cette opération, il a fini par changer d'idée ; ce sera donc une dispersion en mer.


4 commentaires:

Unknown a dit…

C'est un hommage intéressant et très touchant.

grelots a dit…

Très bel hommage

JYB a dit…

Merci. C'est toujours trop tard quand on s'aperçoit qu'on aurait dû être plus présent auprès de ses aînés. Mais la vie, les circonstances et les occupations professionnelles ne le permettent pas souvent...

François a dit…

Bel hommage à un personnage atypique!