L'annonce, ce jour, de la mort tragique du chef terroriste Oussama Ben Laden, tué par un commando d'élite des forces américaines sur le territoire pakistanais, rappellera aux lecteurs de la série BD Missions Kimono le long cycle formé de six albums successifs, du tome 5 au tome 10. Cette suite exceptionnelle d'aventures trépidantes, mettant en scène des pilotes de l'Aéronautique navale française, souvent basés sur le porte-avions Charles de Gaulle, a pour personnage principal et ennemi public n°1 le puissant chef terroriste Tarik Ben Kadar, surnommé TBK ; dans la fiction, le réseau de TBK, inspiré de loin d'Al-Qaeda, s'appelle Al-Mountaqimoun (ce qui signifie en arabe : La Vengeance ; tout un programme...).
L'arrestation de Ben Kadar, dans le dernier tome titré La nuit du Caracal et publié il y a un an, a des airs de ressemblance avec l'opération réelle contre Ben Laden. Sauf que dans la fiction, ce sont les Français qui mènent seuls l'opération - ce sont les héros de la série... La plupart des éléments évoqués aujourd'hui dans les médias figurent déjà dans la BD, comme la duplicité de certains clans au Pakistan (mis en évidence dans le tome 9, titré Pour Sadia) ; la difficile et longue traque du chef en fuite... (voir ci-dessous).
... Apparaissent également dans la BD la coopération (avec parfois des coups bas...) entre les Américains et en particulier les Français dans les opérations militaires antiterroristes en Arakistan, le pays fictif que l'on reconnaît comme étant l'Afghanistan avec une pincée de consonances réelles comme Pakistan, Kazakhstan, etc ; l'envoi, de nuit, de commandos héliportés et spécialisés (équipés de JVN, ou jumelles de vision nocturne) ; les interrogations sur l'identité réelle de la personne à arrêter (voir ci-dessous) ; etc.
Une prémonition (ou une coïncidence ?) parmi d'autres : il est question qu'un hélicoptère américain s'est crashé et a pris feu dans l'opération contre Ben Laden ; il semble qu'il ait eu un ennui technique et que les militaires l'aient fait sauter pour ne pas l'abandonner sur place intact (pratique courante). Or, dans La nuit du Caracal, on trouve une double scène identique (crash d'un des hélicos de la mission, puis destruction provoquée volontairement par l'équipage) ; voir ci-dessous :
Autre similitude entre la BD et la réalité : comme pour Ben Laden la nuit dernière, un drone, dans La nuit du Caracal, survole le lieu de résidence secret de Ben Kadar et aide de façon capitale les commandos ; voir ci-dessous la référence dans l'album :
Ces observateurs, devant leurs écrans, s'aperçoivent de faits curieux ; par exemple, dans la réalité, les occupants de la résidence de Ben Laden brûlent leurs déchets pour ne pas laisser de traces, ce qui finit par mettre la puce à l'oreille des agents de la CIA ; dans la BD, le lieu d'aisance des habitants de la grotte où se planque Ben Kadar est un peu à l'écart et, bien que noyé dans le relief montagneux, attire l'attention et le soupçon, grâce au drone... On a appris aussi qu'au moment de son arrestation, Ben Laden s'est servi d'une femme de son entourage comme d'un "bouclier humain" ; dans la BD, Ben Kadar a pris en otages deux personnages : le héros Mittel (pilote de l'Aéronavale) et une femme, Sadia, une interprète pakistanaise qui, à un moment, sert aussi de bouclier humain alors que le chef terroriste veut adresser à la France un message menaçant ; Mittel, de son côté, cherche un moyen d'éloigner son amie :
Toutefois, trois faits diffèrent, entre la fiction et la réalité. Quoique... Ben Kadar est arrêté dans les montagnes arakistanaises, et non dans un endroit civilisé au Pakistan (bien qu'une image, à la fin du tome 6 titré Piège à Koh-e-Shar, montre Ben Kadar dans une ville du Moyen-Orient, sans doute au Pakistan, à peu près libre de ses mouvements et donc capable, comme Ben Laden, de quitter ses montagnes isolées) ; par ailleurs, pour ne pas en faire un martyre, les Français font tout pour capturer Ben Kadar vivant et le ramener clandestinement dans un pays occidental où il sera jugé (mais on apprendra au cours de la soirée du 2 mai que c'était la consigne donnée aux commandos SEALS américains).
Quant aux Américains (dans la BD), ils sont laissés à l'écart de la mission à la suite d'une imposante opération de diversion des Français, et n'interviennent qu'après coup... (voir ci-dessous) ; dans la réalité, ce fut en quelque sorte l'inverse : les Américains ont agi totalement à l'insu des Français (et du reste du monde d'ailleurs)...
Nous avons aussi appris au cours de la même journée du 2 mai que le corps de Ben Laden a été immergé en pleine mer aussitôt enlevé par les commandos américains. C'est justement une possibilité que j'avais envisagée au moment de concevoir le scénario de La nuit du Caracal : Ben Kadar pourrait-il être tué et "liquidé" définitivement par une immersion en mer ? Une fin que j'ai finalement très vite écartée dans le cadre de la série Missions Kimono, pensant cela difficilement imaginable. Et pourtant... La réalité dépasse la fiction !
Le corps de Ben Laden a été immergé depuis un porte-avions US croisant au large du Pakistan (selon les informations divulguées ce 2 mai par les médias). Je pensais aussi, lors de la préparation du scénario, ramener Ben Kadar (vivant, donc) sur le porte-avions français Charles de Gaulle qui, dans la réalité comme dans la BD, croisait au large du Pakistan lui aussi ; mais les hélicoptères utilisés dans mon scénario n'ont pas le rayon d'action suffisant pour rejoindre d'une traite et sans risques la haute mer depuis le lieu de la capture (un lieu d'ailleurs moins éloigné de la mer que la ville d'Abbottabad où a été tué Ben Laden, d'où mon interrogation pour savoir comment, pratiquement, le corps a été transporté nuitamment sur le porte-avions américain ; la réponse sera sans doute révélée dans les jours qui viennent). Aussi m'a-t-il fallu abandonner cette idée pour la remplacer par celle qui figure à la fin de La nuit du Caracal (exfiltration par un avion français insoupçonnable, basé en Afghanistan et embarquant une caisse anodine contenant en fait, à l'insu de tous, le corps endormi de Ben Kadar ; voir ci-dessous).
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